Wednesday, November 19, 2014

Qui est Gaston Hughes Ilunga Kampete, le nouveau commandant de la Garde républicaine ?

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le Gen Ilunga Kampete( béret rouge) à côté du feu Gen Bahuma (Béret vert), Rumangabo Nov 2013Le Gen Ilunga Kampete (béret rouge) à côté du feu Gen Bahuma (Béret vert), Rutshuru Nov 2013
Sans surprise et suivant les prédictions récentes de DESC, le Général de Brigade Gaston Hughes Ilunga Kampete a été nommé par une ordonnance présidentielle du 16 novembre 2014 comme nouveau commandant de la Garde républicaine, l’unité d’élite chargée d’assurer la protection du chef de l’Etat. Il remplace à ce poste très stratégique un autre frère ethnique Mulubakat, le général Dieudonné Banze Lubunj, actuellement chef d’état-major de l’armée de terre.
Le général Ilunga Kampete aura deux assistants : le général de brigade Crispin Tshiwewe Songesa chargé des renseignements et le colonel Waliuzi Kilandi Albati comme chargé de l’administration et de la logistique. Le colonelNgoy Ndombe Ignace est nommé Chef d’Etat-Major de la Garde Républicaine. Le colonel Waliuzi Kilandi Albatiremplace à ce poste le général de brigade tutsi Simplice Nyaruhanda qui occupait ce poste depuis plusieurs années.
Un ex-FAZ de la DSP
Gaston Hugues Ilunga Kampete, né en 1964, est un ex-FAZ du Bataillon blindé de la DSP. A la chute de Mobutu en 1997, il avait le grade de capitaine et assumait la fonction de commandant d’escadron blindé des chars T-59 de fabrication chinoise. En 1998, il sera le commandant du Régiment blindé de la Force terrestre dont le chef d’état-major n’était autre que Joseph Kabila.
Le général de brigade Tshiwewe (que l’on voit sur cette vidéo, à partir de la 3ème minute, commandant le défilé militaire du 30 juin 2014 en rendant les honneurs à Kabila : https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=B4gK_-ny6N4), 42 ans, est un Songye de Lubao (Kasaï-Oriental). Il est aussi un ex-FAZ ayant évolué au 313ème Bataillon de la 31ème Brigade Para des FAZ, qui était basé d’abord à Kamina avant d’être déployé à Bukavu en 1996. Il y est entré comme l’un des plus jeunes sous-lieutenants de son unité. La majorité de son unité s’est ralliée à l’AFDL en 1997.
En effet, la plupart des officiers supérieurs et généraux qui composent la GR, ont fait partie de la 31ème Brigade Para des FAZ et de la DSP. C’est le cas notamment du Colonel Monga, le T2 (renseignement) de la GR, un autre Mulubakat de Kabalo du 311ème bataillon de la 31ème Brigade Para de Kamina avant aussi d’être redéployée à Bukavu en 1996. La majorité des soldats de la 31ème Brigade Para ont rallié l’AFDL, après avoir été approchés par l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa. Pour rappel, en mars 1996, le Gouvernement zaïrois a envoyé dans le Masisi 800 militaires de la Division spéciale présidentielle (DSP), des membres du Service d’action et de renseignements militaires (SARM) et des unités Para-commandos de la 31ème Brigade Para [1] dont la plupart a rejoint l’AFDL. C’est le cas par exemple de la contre-offensive de Kipushi en mars 1997 lorsque les troupes de la DSP et les gendarmes FAZ étaient sur le point de reprendre cette ville aux mains des troupes rwando-ougandaises de l’AFDL. Ils seront subitement attaqués de dos par les leurs frères d’armes des FAZ du camp Kimbembe et Lido commandés par le feu colonel Nsau (ou Nzau) et le colonel vainqueur Mayala, aujourd’hui général et Chef d’état-major adjoint chargé des opérations et renseignements de la Force terrestre aux côtés du général Banze. Le même Général Mayala, en connivence avec le général Amisi Tango Four, suite à l’offensive du M23 à Bunagana le 6 juillet 2012, a fui avec 600 soldats FARDC vers Kisoro en Ouganda, abandonnant mystérieusement un énorme stock d’armes lourdes, de munitions et de chars [2] à l’ennemi.
Un Mulubakat loyal à Kabila et imposé par Olenga
tempetu 18 novLe général de Brigade Gaston Hughes Ilunga Kampete est un Mulubakat de Kabalo du district de Tanganyika. C’est un homme de confiance du président Kabila qui a assumé jusque-là l’intérim à la tête de la Garde républicaine au moment de la nomination du Général Dieudonné Banze Lubunj comme chef de la Force terrestre. malgré ses qualités militaires indéniables, sa nomination procède également à l’ethno-régionalisme militaire institué par Kabila dans les FARDC.
Une source de la Garde républicaine nous précise que : « Kampete est très apprécié par Oscar (Lire Gen Olenga) qui est pour lui une sorte de mentor. Ils entretiennent d’excellentes relations amicales. Kampete accompagne souvent Oscar dans les achats de matériels blindés dans l’ex-Europe de l’Est (Serbie, Bulgarie, Russie, Ukraine, Bielorussie, Republique tcheque). Oscar dit souvent que Ilunga Kampete est son alter ego en termes de détermination, de combativité ,de courage, de sang-froid et de loyauté envers le boss. Surtout le général Ilunga est un officier très autoritaire qui inspire la crainte et l’obéissance des troupes. Un facteur très important dans la fin de mandat du boss ».
Pour notre source, « Oscar dit toujours du bien de Ilunga Kampete, même si ce dernier est un ex-FAZ et surtout ex-DSP. Oscar apprécie particulièrement sa parfaite connaissance des véhicules blindés de tous types et c’est le général Ilunga Kampete qui a beaucoup aidé Oscar à comprendre et à maitriser le fonctionnement des unites blindées. Le boss aussi manifeste beaucoup d’estime envers le général Ilunga. »
Une autre raison qui justifie le Choix de Ilunga est le fait qu’il a été, aux côtés de Olenga, les deux hommes de confiance que Kabila a envoyés en août 2014 pour désamorcer le mécontentement de plusieurs jeunes officiers de la GR qui réclamaient la réhabilitation du général John Numbi. C’est en signe de récompense pour son loyalisme que Kabila le confirme à la tête de la GR. Voici ce que nous a écrit un contact de la maison militaire : « Le boss vient de nommer par décret présidentiel le général de brigade Hugues Gaston Ilunga Kampete comme commandant de la garde républicaine. Il est récompensé pour avoir désamorcé et géré la bombe (GR) qui risquait de déstabiliser le régime Kabila. Tu avais dans tes précédentes analyses prédit subtilement sa nomination à la tête de la garde républicaine. »
Un des meilleurs officiers de la GR dont il était le coordonnateur de la task force
Avant sa nomination à la tête de la GR, le général Ilunga Kampete était le commandant de la brigade blindée de la GR. Selon une source interne de l’état-major de la GR, la Garde républicaine a un effectif de 18.700 hommes (officiellement entre 10.000 et 15.000 hommes). Elle dispose d’une task force d’appui composée de 6.000 hommes. Une des unités spéciales de cette task force est le 32ème bataillon commando commandé auparavant par le général Mohindo Akili, appelé communément « Mundos », l’actuel commandant de l’opération Sukola 2 qui s’enlise à Beni. Mundos est décrit par ses collègues de la GR comme un homme brutal avec de faibles aptitudes de commandement des opérations militaires. Ce sont ses troupes de la GR, faisant preuve de peu de combativité, qui furent mises en déroute et prirent la poudre d’escampette en novembre 2012 lors de la chute de la ville de Goma. Suite à la pression populaire suscitée par cette débâcle des FARDC et aux mécontentements au sein de l’armée, le président Kabila va nommer le 20 avril 2013 le général de Brigade Gaston Hughes Ilunga Kampete au poste de coordonnateur de la task force de la GR pour assister le général défaillant Mundos.
La task force [3] de la GR est composée de deux brigades motorisées d’assaut disposant chacune de 3.000 hommes comprenant des unités d’infanterie, d’artillerie lourde, de blindés ainsi que le bataillon commandos spécialisés dans le combat de nuit. C’est l’unité qui a lancé l’assaut final dans la nuit du 4 au 5 novembre sur les collines de Chanzu et Runyoni à la frontière avec le Rwanda. La task force de la GR est dotée d’importants mayens de feux et de matériels militaires très performants dont les chars de combats T-72/80 avec canons de 125 mm optimisés plus télémètre laser et blindages millefeuilles donc résistants aux roquettes RPG-7 utilisés par le M23 et l’armée rwandaise et les véhicules blindés BMP-3 équipés de canons de 73mm coaxial.
Un général à maintes reprises trahi par ses supérieurs et humilié par les rwandais
Selon une autre source qui a été sous le commandement du Général Ilunga Kampete:
« La guerre contre la coalition M-23/RDF était une affaire personnelle pour ce jeune général. Le général était au front lors de la fameuse bataille de Pweto, à la tête du Régiment blindé de la Force terrestre commandée par Joseph Kabila à l’époque. Son unité avait réussi à repousser les assauts de la coalition RCD-Gola/APR en leur infligeant de lourdes pertes en 2000 en les repoussant jusqu’à Pepa, située à ( 85 Km de Pweto. Malheureusement pour lui, pour une raison inconnue, il n’a pas été convenablement ravitaillé. Il a manqué de carburant, de munitions et de vivres ; et il fut bizarrement coupé de sa base arrière, encerclé de toutes parts pendant 21 jours où son unité va résister courageusement. Il va poser un acte courageux, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2000, après avoir informer préalablement par téléphone satellitaire le Mzee Kabila qui lui instruira d’incendier tous ses véhicules blindés, ses pièces d’artillerie et son stock de munitions restant de peur de se retrouver aux mains de l’ennemie. Il va par la suite faire une percée dans les lignes ennemies jusqu’à atteindre Moliro à la frontière zambienne. Et de là, il va passer en Zambie avec tous ses hommes de troupe où ils seront désarmés et stationnés dans des camps des prisonniers pendant 3 mois avec toutes les humiliations qui en découlent avant d’être rapatriés par avion en RDC. Depuis cet affront, le général Ilunga Kampete était traumatisé par cet épisode pour avoir été trahi par ses supérieurs qui l’ont livré aux rwandais. Il a toujours juré qu’il vengerait un jour les RDF. Et comme le général Olenga l’a repéré, il l’a utilisé, contre l’avis du président, pour mener des actions et combattre avec acharnement et détermination la coalition M23/RDF. »
Bien avant la guerre contre le RCD, le général Ilunga a participé à la bataille de Kenge dans la guerre contre l’AFDL sous la supervision du feu général Tendayo. A la tête des troupes blindées avec les chars T-59, il était parvenu à repousser les assauts des éléments de l’AFDL appuyés par les troupes angolaises vers Mangayi, dans l’axe Kenge-Masimanimba. Son escadron a infligé de lourdes pertes aux éléments AFDL et était la dernière unité à se retirer du front de Kenge lorsqu’il apprit la trahison des généraux FAZ qui ont transmis aux angolais les positions des FAZ afin de les attaquer de revers.
Pendant la bataille de Kenge, il appliqua avec efficacité la tactique de retardement avec son escadron blindé pour ralentir la progression des trupes de l’AFDL et alliés dans le but de permettre l’exfiltration du président Mobutu de l’aéroport de Ndjili vers Gbadolite pour le Tchad. Ilunga et ses hommes n’ont décroché à Mbakana (entre Bandundu et Kinshasa) que lorsqu’il s’est assuré que l’avion transportant le maréchal Mobutu et son épouse avait bien décollé pour Gbadolite; mais aussi lorsqu’il apprit que le commandant de la DSP, le général Nzimbi Ngbale, avait lâchement abandonné ses troupes pour aller se réfugier à Brazzaville dans l’après-midi du 16 mai 1997, alors qu’il venait de haranguer ses troupes de se battre jusqu’à la dernière goutte de sang. A ce moment, le capitaine Ilunga Kampete avait jugé inutile de continuer les combats. Il a rapatrié ses chars, non pas au camp Tshatshi, mais bien à Mbanza-Ngungu, dans le Bas-Congo pour y attendre avec amertume les fameux ‘libérateurs’. Dès cet instant, la voie vers Kinshasa pour les kadogos était libre car plus rien ne pouvait leur résister ni les empêcher de prendre la capitale.
En appliquant la manœuvre de retardement (barrage, obstruction, destruction de routes…). Il s’agit d’un des procédés tactiques appréciés par la plupart des soldats de la DSP et le Tsahal israélien, l’objectif poursuivi était de résister le plus longtemps en épuisant l’adversaire dans l’attente des renforts. Tout comme pour Pweto, à Kenge, Ilunga Kampete ne verra jamais arriver des renforts promis par ses supérieurs (Likulia, Mahele et Nzimbi). A la tactique de retardement, Ilunga a aussi combiné la retraite stratégique en échangeant de l’espace contre le temps par l’abandon de positions non vitales afin de concentrer les forces restantes sur les positions vitales avec la stratégie d’usure car incapable de frapper un coup décisif du fait de ses moyens limités, il était donc condamné à fatiguer l’ennemi par une série d’actions de  harcèlement.
Lors de la guerre contre le M23, « c’est le Général Olenga, sur proposition du Général Ilunga Kampete, qui a instruit les unités du colonel Bikombe, commandant régiment d’artillerie de la GR, placé sous les ordres du Général de bombarder intensément le district de Rubavu et son chef-lieu (Gisenyi) en août 2013. Cette affaire avait engendré une crise sans précédent entre les deux hommes. Ils sont restés un mois sans se voir ni se parler. C’est le président Robert Mugabe qui les a réconciliés à Harare au début du mois d’octobre 2013. D’autre part, C’est la task force de la Garde républicaine (GR), commandée par le général Gaston-Hughes Ilunga Kampete, qui s’est mise en action pour expulser le M23 de ses derniers retranchements dans les montagnes de Virunga. Pour reprendre les collines de Chanzu et de Runyoni, la GR s’est d’abord attaquée au sommet le plus haut (Mbuzi) qui ouvre directement accès aux deux autres montagnes. En effet, les 3 montagnes font partie de la chaine de Karisimbi aux confins de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda et se suivent l’une à la suite de l’autre. La task force de la GR a d’abord repris Mbuzi, ensuite Runyoni et enfin Chanzu. La prise de Mbuzi était très dure car, d’après plusieurs sources militaires combattantes, ce n’était pas le M23 mais bien les PPU (les éléments de la Garde présidentielle du Rwanda dirigés par le colonel Gatama alias Dereva) que les hommes de Kampete ont affrontés. Il faut reconnaître que la Task force a été aidée par les bombardements des hélicoptères d’assaut Rooivalk sud-africains de la brigade d’intervention de la Monusco. Les FARDC ont des hélicoptères de combats Mi-24/35 russes, mais ces engins n’ont pas d’équipements de vision nocturne, donc inutilisables la nuit, contrairement aux Rooivalk sud-africains. Et comme les principaux combats se sont déroulés durant la nuit, le concours de la composante aérienne de la FIB était indispensable et a facilité l’affaiblissement du dispositif défensif du M23/RDF à Mbuzi. Et lorsque Mbuzi est tombé après 5 jours de combats, les prises de Chanzu et Runyoni, était un jeu d’enfant. Mbuzi est la montagne la plus haute qui domine toute la région. »
Principale tâche de Ilunga : veiller sur Kinshasa et Lubumbashi en prévision de 2016
Après la fronde des quelques officiers de la GR [4], le général Kampete doit particulièrement reconstituer les unités de cette garde d’élite fin d’éviter un enlisement sécuritaire à Kinshasa et à Lubumbashi, deux villes stratégiques pour le régime Kabila où les unités de la GR sont essentiellement stationnées. C’est ainsi qu’environ 3000 hommes de la task-force de la GR ont été rappelés de l’opération Sukola 2 au Nord-Kivu pour quadriller la capitale. Ils sont à Kinshasa depuis le 30 juin (41ème et 43ème Bataillon) et fin septembre (42ème Bataillon de Ndala). Kinshasa et le Katanga deviennent de plus en plus hostiles au maintien de Kabila au-delà de 2016. Ces unités sont stationnées à Mikondo (vers l’aéroport international de Ndjili à l’est de la capitale).
Avec le général Amisi Tango Four à la tête de la 1ère Zone de défense (couvrant Kinshasa et le provinces de l’Equateur, du Bandundu et de l’Equateur), le général Camille Bombele (en charge des opérations de la GR lors des répressions de novembre 2011, des adeptes de Mukungubila en décembre 2013 et des assaillants de Brazzaville en juillet 2014) à la 14ème région militaire à Kinshasa, la nomination du Général Ilunga Kampete à la tête de la GR est un indice supplémentaire qui montre que Kinshasa, de plus en plus militarisé avec le stationnement des troupes supplémentaires de la GR, reste un enjeu important pour Kabila. Le rétrécissement grandissant de la marge de manœuvre politique pour un passage en force de la révision constitutionnelle pousse Kabila à se concentrer sur l’option militaire en vue de se maintenir au pouvoir en 2016. C’est ainsi qu’il déploie particulièrement à Kinshasa, non confrontée à une menace armée directe contrairement à l’est du pays qui subit le délestage militaire, l’essentiel de ses troupes loyalistes commandées par ses généraux les plus fidèles et loyaux. Ce, d’autant qu’un régime ne tombe que par la prise de la capitale, siège des institutions républicaines.
Ainsi pour annoncer les couleurs, après la démonstration de force du 30 juin 2014 à Kinshasa, Kabila et Olenga planifient des manœuvres militaires dissuasives de grande envergure au plateau de Bateke au niveau du territoire de Bolobo situé à environ 300 Km de Kinshasa. Elles devraient se dérouler entre la fin janvier et le début février 2015, si le calendrier initial ne subit pas de modifications. Les préparatifs semblent très avancés.
Enfin, cette nomination tend à confirmer la montée en puissance du chef d’état-major particulier du président, le général d’armée Olenga, considéré par le pré-carré de Kabila comme le véritable vice-président de fait de la RDC. Le général Olenga s’érige aujourd’hui en l’homme le plus puissant de la RDC d’autant que Kabila a placé la GR sous son  autorité fonctionnelle directe. Ilunga Kampete n’en assume que la responsabilité hiérarchique opératique.
Jean-Jacques wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

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